Jeanne d’Arc (1412-1431)

Aide-toi, Dieu te aidera.” 

Jeanne d’Arc, si méprisée de nos jours en France, sa patrie, et si appréciée en Angleterre, le pays de son ennemi, était un être profondément magnanime, un leader exemplaire. Selon G.K. Chesterton, « Jeanne d’Arc ne piétina pas au carrefour de la vie, en rejetant tous les chemins comme Tolstoï, ou en les acceptant tous comme Nietzsche. Elle choisit un chemin et l’emprunta sans hésitation, comme la foudre. […] Tolstoï fit l’éloge du paysan ; elle fut le paysan. Nietzsche fit l’éloge du guerrier ; elle fut le guerrier. Elle les battit tous les deux sur leurs terrains respectifs ; elle fut plus douce que le premier, plus violente que le second. Mais avant tout, elle fut une femme d’action, alors qu’eux furent des spectateurs sauvages, qui ne firent rien. »

Jeanne fut commandant en chef des armées françaises à l’âge de 17 ans. Sa mission consistait à faire couronner le Dauphin et à expulser les Anglais de France. Jeanne avait une vision élevée d’elle-même et de sa mission. Elle avait l’habitude de dire avec satisfaction : « C’est pour cela que je suis née. »

Léonard Cohen, le poète et chanteur canadien, a bien saisit la grandeur de Jeanne dans son œuvre « Joan of Arc », un dialogue entre Jeanne et le feu qui la consume sur le bûcher sous le regard des soldats anglais :

«I love your solitude, I love your pride… / J’aime ta solitude, j’aime ta fierté
….
I saw her wince, I saw her cry / Je voie sa douleur, je voie ses pleurs
I saw the glory in her eye. / Je voie la gloire dans ses yeux.»

« Aide-toi, Dieu te aidera ». Voici une phrase célèbre de Jeanne. Elle avait une confiance absolue en Dieu et une confiance absolue en elle-même. Lorsqu’on lui demanda pourquoi elle aurait besoin d’une armée si la volonté de Dieu était de délivrer le peuple français, elle répondit sur le champs : « Les soldats combattront et Dieu donnera la victoire. »

Jeanne d’Arc était une colérique humble. Tout en accomplissant sa tâche avec détermination (chasser les Anglais du territoire français), elle était la servante de son peuple : elle suscita la grandeur chez ses soldats, transforma le cœur de plusieurs millions de ses concitoyens, provoqua le renouveau spirituel de toute une nation. Sept ans après sa mort, comme elle l’avait annoncé, le Anglais furent chassés de France ; mais cet évènement est d’une importance mineure, comparé au renouveau spirituel de la France que Jeanne a provoqué. Jeanne d’Arc fut un manager efficace (elle chassa les Anglais de France), mais elle fut surtout un leader : une éducatrice et une inspiratrice de premier ordre.

A l’âge de dix-neuf ans, Jeanne d’Arc, épuisée et enchaînée, supporta pendant plusieurs mois l’interrogatoire d’un tribunal fantoche dirigé par un juge cynique qui s’était juré de l’anéantir. Les répliques fameuses de cette jeune paysanne illettrée aux accusations portées contre elle témoignent d’un degré de sagesse remarquable. Quand le tribunal l’accusa d’avoir désobéi à ses parents en quittant sa maison et en s’engageant dans sa mission sans leur consentement, Jeanne donna à tous ces juges, docteurs en science ecclésiastique, une magnifique leçon de théologie : « Puisque Dieu le commandait, eussè-je eu cent pères et cent mères, eussè-je été fille de roi, je serais partie. »

Dans la liturgie de la messe de sainte Jeanne d’Arc, la première lecture est tirée du Livre de la Sagesse : « Grâce à la Sagesse, j’aurai la gloire auprès des foules et l’honneur auprès des anciens, malgré ma jeunesse. Au tribunal, on reconnaîtra la pénétration de mon jugement ; devant moi, les puissants seront dans l’admiration. Si je me tais, ils attendront ; si je parle, ils prêteront l’oreille ; si je prolonge mon discours, ils mettront la main sur leur bouche.»

« Jeanne d’Arc fut un être d’une nature si élevée », affirme Winston Churchill, « qu’il y avait mille ans que le monde n’avait pas connu une personne d’une telle envergure. »