Charles Malik (1906-1987)
«La dignité de la personne humaine, voilà la grande vérité que nous ne pouvons évincer»
Par Adeline Georges-Khouri
Le Dr. Charles Malik était un diplomate, intellectuel, philosophe et théologien Libanais. Homme d’état international, il a été le premier représentant Libanais aux Nations Unies. Il fut le rédacteur de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. Pour pouvoir définir les droits humains et les libertés fondamentales de l’homme, il fallait avant tout se mettre d’accord sur le concept de «dignité de l’homme». Malik a insisté sur l’idée que les êtres humains sont créés par Dieu et possèdent donc dignité naturelle et immuable. Malik fut persévérant. Il fit preuve d’empathie pour comprendre et inclure l’opinion des 58 différents membres dans le processus de création de la Charte des Nations Unies. Malik voulait rétablir «le sens d’une dignité responsable, authentique et personnelle à chaque individu» dans le monde entier contre la tyrannie des systèmes idéologiques. Il combattît à la fois le communisme et le capitalisme. Il possédait une vision élevée de la personne humaine. L’Ambassadrice Mary Ann Glandon explique: «Malik considérait l’homme comme ayant une valeur unique en lui-même, mais comme constitué en partie par et à travers sa relation avec les autres – sa famille, sa communauté, sa nation et son Dieu». Comme on peut le voir, Malik a pratiqué la magnanimité, l’humilité, la justice, le courage et la maîtrise de soi au plus haut niveau. Malik était convaincu que seuls ceux qui reconnaissent le visage de Dieu en chaque personne et qui possèdent un leadership moral peuvent se dédier à la science des droits de l’homme.
Malik souhaitait «un respect absolu des différences d’opinions et de croyances». Il voulait que chaque homme soit «libre de devenir ce que sa conscience bien formée exige de lui».
Après son retour dans son pays, Malik a occupé de nombreux rôles politiques au Liban, notamment celui de ministre de l’Education nationale et des Beaux-Arts et de ministre des Affaires étrangères. Son rôle le plus influent a été pendant la guerre civile Libanaise de 1975, au cours de laquelle Malik est apparu comme un défenseur de la cause chrétienne libre. Il contribua activement à la fondation du Front libanais.
Malik obtint un doctorat en philosophie à l’Université de Harvard (1937) et présida le Conseil Mondial sur l’Education Chrétienne (1967-1971). Il lutta à ce titre pour l’unité chrétienne sur la scène mondiale.
Malik était convaincu que «le principal obstacle à la religion chrétienne réside aujourd’hui dans la sphère de l’intellect». L’un de ses nombreux livres sur ce sujet résume clairement son objectif: The Two Tasks of the Christian Scholar: Redeeming the Soul and Redeeming the Mind. Un autre est son livre A Christian Critique of the University. Il voulait que les élèves mettent de l’ordre dans leurs esprits. Telle fut sa réponse à l’anti-intellectualisme qui menaçait les cercles chrétiens, aux côté de toutes les discordances résultant d’idéologies telles que le matérialisme, l’hédonisme, le cynisme, l’indifférentisme et l’athéisme.
Malik a souligné le rôle stratégique de l’université où la société occidentale et la culture se forment par le biais de l’enseignement et de la préparation des futurs leaders politiques. Il a montré que le danger auquel sont confrontés les jeunes, est une foi chrétienne tiède ou inculte qui ne peut faire face aux modes de penser non-chrétiens. Pour Malik la philosophie est un domaine clé, car elle constitue le fondement de tous les autres domaines d’études dans la mesure ou elle traite les premiers principes.
Le professeur Charles Malik fut un leader vertueux. Il pratiqua l’humilité et la magnanimité comme idéaux de vie. Il contribua de manière effective au bien commun de l’humanité.