10 Principes du Leadership Vertueux
1. Le leadership authentique doit être basé sur une anthropologie authentique : celle qui inclut l’arétologie, la science des vertus.
La vertu est un habitus du cœur, de l’intelligence et de la volonté qui nous permet d’atteindre l’excellence humaine. Le leadership est intrinsèquement lié à la vertu pour deux raisons : 1) parce que c’est la vertu qui crée la confiance qui est la condition sine qua non du leadership ; 2) parce que la vertu est une force dynamique qui accroît la capacité d’agir, si nécessaire au leader (le mot « vertu » vient du mot latin « virtus » qui signifie « force » ou « pouvoir ») ; la vertu permet au leader de faire ce que le monde attend de lui.
2. La magnanimité et l’humilité fraternelle, qui sont principalement des vertus du cœur, constituent l’essence du leadership.
La magnanimité est l’habitude de tendre vers de grandes choses. Les leaders sont magnanimes dans leurs rêves, leurs visions et leur sens de la mission ; ils le sont aussi dans leur capacité à se fixer à eux-mêmes et aux autres des objectifs personnels et organisationnels élevés. L’humilité fraternelle est l’habitude de servir les autres. Pour un leader, pratiquer l’humilité fraternelle, c’est tirer plutôt que pousser, enseigner plutôt que commander, inspirer plutôt que réprimander. Plus qu’à exercer le pouvoir sur les autres, le leadership consiste à donner aux autres le pouvoir de s’accomplir eux-mêmes. Pratiquer l’humilité fraternelle c’est faire grandir ceux qui nous entourent et les aider à devenir eux-mêmes des leaders. Le leader est toujours un éducateur, un maître, un coach. Les suiveurs du leader sont les personnes qu’il sert. La magnanimité et l’humilité fraternelle sont les vertus spécifiques du leader : elles constituent ensemble l’essence du leadership.
3. Les vertus de prudence (sagesse pratique), courage, maîtrise de soi et justice, qui sont principalement des vertus de l’intelligence et de la volonté, constituent les fondements du leadership.
La prudence augmente la capacité du leader à prendre les bonnes décisions ; le courage lui permet de maintenir le cap (endurance) et de prendre des risques (audace) ; la maîtrise de soi subordonne ses émotions à sa raison et projette leur énergie vitale dans l’accomplissement de sa mission ; la justice lui permet de donner à chacun son dû. Si ces quatre vertus que l’on appelle cardinales ne constituent pas l’essence du leadership, elles en constituent la base sans laquelle le leadership s’effondre.
4. L’humilité fondamentale constitue le fondement des fondements du leadership.
Une vertu plus fondamentale encore que les quatre vertus cardinales est la vertu d’humilité, non pas cette fois comme habitude de servir les autres (humilité fraternelle), mais comme habitude de vivre dans la vérité sur soi-même (humilité fondamentale). Cet aspect de l’humilité qui est connaissance de soi constitue le fondement des fondements du leadership, alors que l’humilité fraternelle, à côté de la magnanimité, en constitue l’essence.
5. On ne naît pas leader, on le devient.
La vertu est une habitude acquise par la pratique. Le leadership est une question de caractère (prédisposition acquise), et non de tempérament (prédisposition innée). Le tempérament peut favoriser le développement de certaines vertus et ralentir le développement d’autres, mais il arrive un moment dans la vie du leader ou ses vertus impriment un « caractère » (un sceau) sur son tempérament, de sorte que son tempérament cesse de le dominer. Le tempérament n’est pas un obstacle au leadership : l’obstacle au leadership est le manque de caractère, l’absence d’énergie morale qui nous rend esclaves de notre constitution biologique.
6. Nous sommes tous appelés au leadership.
Le leader ne dirige pas au moyen de la « potéstas » ou pouvoir inhérent à ses fonctions. Il dirige au moyen de « l’auctóritas », de l’autorité qui provient du caractère. Le leadership n’est pas une question de rang ou de position. Être un leader, ce n’est pas la même chose qu’être un « chef » ou un « patron ». Toute personne, quelle que soit sa place dans la société ou dans une organisation, peut être un leader.
7. Des leaders de cœur, intelligence et volonté.
Pour grandir en vertu, il faut : 1) contempler la vertu afin d’en percevoir la beauté intrinsèque et la désirer ardemment (rôle du cœur) ; 2) discerner dans chaque situation l’action vertueuse à entreprendre (rôle de la raison) ; 3) agir vertueusement (rôle de la volonté).
8. Les leaders pratiquent la vertu afin d’atteindre l’excellence et d’augmenter leur efficacité personnelle.
Le mot « vertu » signifie perfection dans l’être (« areté », en Grec) et force dans l’action (« virtus », en Latin). La vertu est quelque chose que nous cultivons pour devenir meilleur en tant qu’être humain. Et plus nous devenons meilleurs, plus notre efficacité augmente.
9. Les leaders pratiquent l’éthique des vertus, plutôt qu’une éthique basée sur des règles.
L’éthique des vertus ne nie pas la validité des règles, mais elle affirme que les règles ne constituent pas le fondement ultime de l’éthique. Les règles doivent être au service de la vertu. L’éthique des vertus favorise amplement la créativité du leader, alors que l’éthique des règles y met fin.
10. Les leaders ne sont ni sceptiques ni cyniques, ils sont réalistes.
Par la pratique des vertus les leaders en arrivent à posséder la maturité sous tous ses aspects : dans leurs jugements, leurs émotions, leur comportement. Les signes de la maturité sont la confiance en soi et la cohérence, la stabilité psychologique, la joie et l’optimisme, le naturel, le sens de la liberté et de la responsabilité, la paix intérieure. Les leaders ne sont ni sceptiques ni cyniques, ils sont réalistes. Le réalisme est la capacité d’entretenir les nobles aspirations de l’âme, alors même que l’on est assailli par ses propres faiblesses. Être réaliste n’est pas céder à la faiblesse, mais la dominer par la pratique des vertus.